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Le bonheur dépand-t-il d'une bonne par de l'argent?
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11 mai 2011

Le sens du bonheur, une valeur à partager

L’économie du bonheur, sur ce vaste sujet, je vais tenter d’exprimer quelques idées nourries de mon parcours de sociologue et de psychothérapeute centré sur la personne exerçant depuis plus de 10 ans en Midi-Pyrénées.

A la première lecture, cette association de mots peut sembler déplacée voire choquante, l’économie renvoie spontanément aux affaires, au commerce ou à l’argent.
Le bonheur, quant à lui, parle d’une aspiration humaine profonde devenue, avec le développement de nos sociétés occidentales, un droit au bonheur, une exigence que l’Etat providence doit nous garantir d’un côté l’économie “bassement matérielle”, de l’autre le bonheur, “valeur” quasi sacrée. Le sociologue Pierre Bourdieu avec sa notion de champ peut éclairer cette opposition apparente : “le champ est une sphère de la vie sociale qui est devenue progressivement autonome à travers l’histoire” (Bourdieu, 1979) .

Je ferais donc l’hypothèse que depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le champ du bonheur s’est institué comme un domaine social autonome dans lequel se joue “un rapport de forces entre dominants et dominés où les agents sociaux s’affrontent pour conserver ou transformer ces rapports de forces. Chaque champ se caractérise par des mécanismes spécifiques de capitalisation des ressources qui lui sont propres” (Bourdieu, 1979) . Bourdieu analyse sociologiquement ces sphères d’activités sociales avec des concepts économiques dont la notion de capital : “Le capital est ce qui s’accumule, se transmet et permet de dégager des profits”. Existerait-il un capital bonheur ? Répondre oui signifierait que le bonheur s’accumule… Or les philosophies de sagesse de vie ou les grandes traditions spirituelles opposent plutôt l’avoir à l’être et placent le bonheur du côté de ce dernier. L’accumulation renvoie aussi à une dimension temporelle, et là encore il semblerait que le bonheur est fait d’instants plus que de durée. Ici le rôle de la mémoire est important car elle est ce qui permet de re-présenter, rendre présent à nouveau ce qui est passé. Faire mémoire de moments de bonheur me rend heureux et peut permettre de transmettre du bonheur. La transmission dans le partage permet donc de dégager et de distribuer du profit, du bonheur. Le mécanisme de contagion émotionnelle joue ici son rôle par l’intermédiaire de l’empathie relationnelle. Les derniers travaux en neurologie avancent une empathie neuronale qui déclenche les mêmes circuits cognitifs et comportementaux en utilisant les neurones miroirs pour une personne se mettant à la place d’une autre vivant une situation particulière. Etre empathique avec une personne exprimant une situation de bonheur active les circuits du bonheur pour moi qui l’écoute. Ma pratique professionnelle de sociologue, de formateur et de psychothérapeute repose sur une écouté particulière basée sur la confiance dans les ressources psychosociales de la personne et sur la mise en place d’un climat relationnel de sécurité psychologique et de liberté d’expression permettant à la personne de mettre en place une actualisation de ses potentiels de faire face dans son existence.

A ce stade, je ne peux m’empêcher de rappeler que la France est le premier pays au monde relativement à sa population, dans la consommation de psychotrope. D’après l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies qui est l’organisme public chargé du recueil, de l’analyse et de la synthèse des données relatives aux drogues illicites, à l’alcool et au tabac en France (OFDT 2009) :
“Près de quatre adultes sur dix (37 %) disent avoir déjà pris un médicament psychotrope au cours de leur vie, et un cinquième (19 %) indique l’avoir fait au cours de l’année écoulée”. Ces chiffres indiquent ainsi le poids financier du mal être dans l’économie de la santé publique.

Je ne peux terminer sans exprimer mon insatisfaction des décisions législatives prises concernant le titre de psychothérapeute dont se trouvent exclus les seuls praticiens réellement et sérieusement formés à ce métier. Pour autant je ne suis pas en train de désigner la psychothérapie comme remède miracle aux maux, mais mon expérience professionnelle me montre que les personnes qui s’engagent dans ce processus sans toujours gagner le bonheur arrivent, en reprenant les mots de John Shlein, psychothérapeute centré sur la personne et décédé en 2002, à “vivre une vie honorable” (cf infra).

Personnellement accompagner ces personnes dans ce but participe à mon bonheur.

Références bibliographiques :
La distinction. Critique sociale du jugement, Pierre Bourdieu, coll. Le sens commun, éd. de Minuit, 1979, 672 p.
To Lead an Honorable Life: Invitations to think about client-centered therapy and the person-centered approach, pccs books, 2003.

Résumé : Cet article est rédigé par Sébastien Daix, psychothérapeute et sociologue, formateur à l’écoute active sur Toulouse. Il nous apparait que le bonheur et l'argent ne sont pas toujours des valeurs que l'on peut assosier.

Source : http://www.brocooli.com/penser-l-homme/le-sens-du-bonheur-une-valeur-a-partager/

Auteur Sébastien. Publier le 31 mars 201

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